
These four book reviews of contemporary French-language novels by writers around the world were written by Bates College students in Madeline Bedecarre’s undergraduate French literature course, “All That Glitters: Literary Prize Culture in the Francophone World.” Each student read a novel in French and wrote their review, also in French. Bedecarré translated the reviews into English. The prize-winning novelists whose books are reviewed here include Gaelle Belem from Réunion Island, Youssouf Amine Elalamy from Algeria, Beata Umubyeyi Mairesse from Rwanda, and Nina Bouaroui from France.
C’est beau la guerre, Youssouf Elalamy (Éditions Le Fennec, 2019)
Quand tout ce qui reste n’est que ruines et décombres et l’espoir de vie n’est plus, comment peut-on être si sublime avec le langage, si poétique avec les mots et si tendre avec les cœurs. Si difficile qu’il est de réaliser une telle prouesse, Youssouf Elalamy, à travers son dixième roman C’est beau la guerre dépeignant un conflit armé dans tout son réalisme, montre que la discrimination des immigrés est une chose injustifiée et injuste.

Dans ce roman, un comédien dont la cité est sous l’emprise d’un dictateur appelé le docteur qui a tant affligés de peine et de malheur à son peuple, est contraint comme la plupart de ses acolytes à fuir et de s’exiler afin de retrouver une vie meilleure loin des bombes et de la terreur. C’est entre sable fin et ciel bleu qu’ils retrouvent un monde nouveau après un long et dangereux périple dans la mer méditerranéenne. Et même étant débarrassées de l’horreur de la guerre, ces personnes sont toujours meurtries de chagrin et de désespoir. Comme d’un coup de génie, notre comédien décide de ressusciter les morts en les imitant dans le but de “réparer les vivants” et de soulager l’amertume des réfugiés.
Un triomphe de la littérature contemporaine, le chef d’œuvre de Youssouf Elalamy nous révèle des vérités que le monde occidentale en particulier se doit d’entendre afin qu’il se rend compte de sa discrimination envers les refugiés de guerre. L’auteur nous montre en premier à travers sa description détaillée de la ville remplie de cadavres que la guerre n’est pas et ne sera jamais ce que nous avons l’habitude de voir derrière nos écrans confortablement vautrés sur nos divans. La réalité est que la guerre n’est point un jeu vidéo, ni un hashtag et encore moins une collecte de fonds. La guerre signifie d’innombrables vies humaines parties en fumée, un lourd fardeau psychologique et moral pour les survivants et d’énormes pertes économiques. C’est beau la guerre expose ensuite l’immigration comme étant une nécessité et pas un choix. L’intrigue révèle que dans de telles situations il faut quitter ou mourir et le choix est clairement évident. Généralement, l’immigration est vue surtout par l’occident comme étant une violation de leur terroir ou une vague de personnes étrangères qui viennent s’approprier leurs ressources alors qu’elle constitue juste le seul moyen de survie pour des millions de personnes.
Sous un ton sublimement engagé et éloquemment doux, Elalamy fait un plaidoyer profond pour tous les victimes et rescapés de guerre. Ce roman est un hommage mérité à toutes les personnes qui ont laissé derrière leurs biens et bien- aimés. Il est aussi un hommage à toutes les personnes qui aujourd’hui sont concentrées dans des camps de réfugiés partout dans le monde et qui sont constamment interpellées au sujet de leur croyance et de la raison pour laquelle elles ont immigré. Ces gens-là méritent mieux et on arrive à cerner le problème et les enjeux de cette torture morale à travers les mots de Youssouf Amine Elalamy.
Omar Sarr est étudiant à Bates College à Lewiston dans l’État du Maine. Sénégalais d’origine, il a commencé son parcours scolaire dans son pays natal avant d’aller en Afrique du Sud pour y finir ses études secondaires. Omar se spécialise en économie, l’étude de l’Afrique et le français. Cette combinaison lui permet de mieux comprendre les enjeux politiques et économiques du continent africain et de son pays en particulier, tout en ayant l’occasion de se divaguer dans la littérature du monde francophone.
Youssouf Elalamy’s 10th novel, C’est beau la guerre (War Is Beautiful), depicts an armed conflict, a country in ruins and rubble, and discrimination against immigrants – and all this with sublime, poetic language. In this novel, a city is under the control of a dictator called “the doctor,” who has inflicted much pain and hardship on his people. The main character, an actor, must flee into exile to find a better life, far from bombs and terror. He escapes to a land of fine-grained sand and blue skies, after a long and dangerous journey across the Mediterrean Sea. But even though the actor and other refugees are rid of the horrors of war, they are still wounded from grief and despair. In a stroke of genius, our actor decides to resuscitate the dead by imitating them, with the goal of “mending the living” and relieving the refugees’ bitterness.

A triumph of contemporary literature, Elalamy’s masterpiece shows us truths that the Western world in particular must hear in order to understand its discrimination against war refugees. First, through his detailed description of the city full of cadavers, the author shows us that war is not – and will never be – what we often see on our screens while comfortably sprawled on a couch. The reality of war is not a video game, or a hashtag, or a fundraiser. War is countless human lives gone up in smoke, a heavy psychological and moral burden for the survivors, and huge economic losses. C’est beau la guerre exposes immigration as a necessity, not a choice. The plot demonstrates that in such circumstances one must leave or die, and the choice is obvious.
With a sublimely committed and eloquently gentle tone, Elalamy makes a thoughtful plea for all victims and survivors of war. This novel is a well-deserved homage to everyone who has left their belongings and loved ones behind. It is also a tribute to all people who today are gathered in refugee camps all over the world and who are constantly questioned about their beliefs and the reasons they have immigrated. These people deserve better. One is able to grasp the problem and the stakes of this emotional torture through Youssouf Amine Elalamy’s words.

Omar Sarr began his academic trajectory in his native country of Senegal before going to South Africa to finish his secondary education. At Bates, Omar is majoring in economics, the study of Africa, and French. This combination allows him to better grasp the political and economic stakes of the African continent and in his country in particular, all while having the chance to explore francophone literature.
Un monstre est là, derrière la porte, Gaëlle Bélem (Gallimard, 2020)
Un monstre est là, derrière la porte par Gaëlle Bélem est l’histoire déchirante d’une petite fille qui habite avec sa famille, les Dessaintes. Pour la petite fille dans ce roman, les vrais monstres sont les brutes chez elle : sa propre famille. Elle est négligée et maltraitée par ses parents. Le livre est un regard intime sur le fait de vivre au sein d’une famille anormale. À mon avis, l’histoire est très unique. Les lecteurs voient comment il est difficile de grandir dans une maison où les conditions sont impensables. Le traitement cruel de cette petite fille par sa famille a des conséquences auxquelles les lecteurs ne pouvaient pas s’attendre. Toute sa vie, elle a été tourmentée. À la fin du roman, une fois l’âge adulte, elle parle de sa vie : « Quant à moi, je n’en ai plus pour longtemps. Tous les Dessaintes meurent avant d’avoir vécu, de toute façon » (Bélem 197). Elle est vraiment un personnage tragique. Ce roman est réaliste car il n’y a pas de fin heureuse. Il ne faut pas longtemps pour que les lecteurs s’en rendent compte. Arrivée au milieu du roman, j’étais sûre que les Dessaintes étaient des monstres brutaux.

Un monstre est là, derrière la porte est le premier roman de Gaëlle Bélem. Le roman se déroule à La Réunion, mais Bélem n’indique pas si c’est une autobiographie. Elle est née sur l’île. Je pense qu’une bonne écrivaine a le pouvoir de transporter ses lecteurs et Bélem fait cela avec facilité. La Réunion est au centre de l’intrigue. Les lecteurs apprennent l’histoire de la famille Dessaintes, et tout au long du roman, il y a des descriptions de la vie à La Réunion. J’ai appris beaucoup sur la culture de cette île. Par exemple, Bélem écrit sur le mariage arrangé de la mère. Les mariages arrangés étaient communs même en 1980. Pour moi, c’était une surprise. Les lecteurs voient des choses plus sombres aussi dans le roman, comme l’histoire de l’esclavage à La Réunion. Bélem fait des descriptions des révoltes des esclaves et de leurs émancipations. En général, Bélem peint un portrait complet de l’île. Les lecteurs voient une belle île, mais il y a des problèmes culturels. À mon avis, ce portrait est une des choses les plus captivantes dans ce roman. La culture de la Réunion influence la famille Dessaintes.
Une autre chose captivante est le ton de l’écriture. Tout le roman est sarcastique et direct, même quand la petite fille décrit les incidents horribles de son enfance. Le ton devient de plus en plus puissant parce que les lecteurs se rendent compte qu’elle est désensibilisée à son mauvais traitement. Les luttes avec sa famille et les enjeux personnels et psychologiques sont décrits avec un air décontracté, même quand la fille va en prison à la fin du roman. Honnêtement, je voulais savoir ce qui allait se passer au personnage principal. Lire Un monstre est là, derrière la porte était une expérience formidable que je n’oublierai pas de sitôt. Je voudrais même relire ce roman afin de découvrir d’autres détails fascinants. J’espère que Bélem continue d’écrire plus de romans comme celui-ci. Si son deuxième roman est comme son premier, je vais me précipiter à la libraire.
Fiona Cohen étudie l’Histoire de L’Afrique et le monde francophone afin de comprendre l’histoire de la colonisation française dans des pays africains. Elle vient du New Jersey et quand elle n’est pas à Bates, elle y habite avec ses parents, son frère jumeau, et ses deux chiens
Un monstre est là, derrière la porte (A Monster Is There, Behind the Door) by Gaëlle Bélem is the harrowing story of a young girl who lives with her family, the Dessaintes. For the little girl in this novel, the real monsters are the bullies at home – her own family. She is neglected and mistreated by her parents in this intimate look at living in an abnormal family. This unique story illustrates the difficulty of thriving in a house where the conditions are unthinkable. The family’s cruel treatment of this child has serious consequences, and she is tormented throughout her life. As an adult at the end of the novel, she says, “As for me, I don’t have much time left. All of the Dessaintes die before having lived anyway.” (Bélem, 197) Readers quickly realize that she is a tragic character in this realistic novel that has no happy ending. By the middle of the novel, the Dessaintes clearly are brutal monsters.

Un monstre est là, derrière la porte is Gaëlle Bélem’s first novel, taking place on Réunion Island, where Bélem was born. The writing easily transports readers to Réunion, which is at the center of the plot as readers learn the history of the Dessaintes family. Through descriptions of life on the island, I learned about its culture and the culture’s influence on the Dessaintes family. Arranged marriages, like that of the mother’s, were common even in 1980, which surprised me. Bélem also describes Réunion’s history of slavery, incluing slave revolts and eventual emancipation. Bélem’s portrait of the island is one of the novel’s most captivating features.
The novel’s tone is sarcastic and direct, even when the little girl describes horrible incidents from her childhood. The power of the tone builds as readers realize that the girl is desensitized to the bad treatment. The struggles with her family, the personal and emotional stakes, and even the description of the girl going to prison at the end of the novel are described in measured ways. Reading Un monstre est là, derrière la porte was an astonishing experience that I will not soon forget. Honestly, I wanted to know what was going to happen to the main character. I would like to reread the novel to discover more fascinating details, and I hope Bélem continues to write more novels like this. If her second novel is like her first, I will race to the bookstore for it.

Fiona Cohen studies the history of Africa and the francophone world in order to understand the history of French colonization in African countries. She is from New Jersey where she lives, when she is not at Bates, with her parents, twin brother, and two dogs.
Otages, Nina Bouraoui (LC Lattès, 2020)
Nina Bouraoui a écrit un livre politique qui critique les systèmes économiques et sexistes qui perpétuent la violence. Elle décrit l’histoire d’une victime de ces systèmes qui reprend le pouvoir pour un moment tout en étant consciente des conséquences de ses actions. Otages, par Nina Bouraoui, suit la vie d’une femme normale, Sylvie Meyer qui raconte sa vie dans un monologue. Elle a deux fils et un mari l’ayant quittée un an auparavant. Elle travaille dur pour une entreprise de caoutchouc, Cagex, où elle dirige une section pour son maître, Victor Andrieu. Elle est fiable. Son maître lui fait confiance. Sylvie fait le sale boulot de Victor, quand elle partage avec la direction les listes des collègues qui font preuve de relâchement dans leur travail. Il l’a forcée à surveiller les “abeilles”, son terme pour les travailleurs dans la section qu’elle dirige. Au début, Sylvie a trouvé cette tâche valorisante et elle a aimé l’élévation de son statut au sein de l’entreprise. Mais elle est devenue désabusée, car elle est consciente de ce qu’elle fait et de son rôle. Selon Sylvie, Victor Andrieu représente les pires des hommes.

Au début du livre, il est évident que quelque chose de grave s’est passé dans la vie de Sylvie récemment. Elle est une citoyenne modèle, mais le livre est écrit comme une justification. Elle analyse ses souvenirs comme si elle se défend devant un juge. La violence dans le livre se vit dans le silence, dans les mots non dits et dans la compréhension des limites de la liberté. Sylvie Meyer, la narratrice, est prise en otage par son boulot et par son passé. Finalement, elle s’échappe aux règles de la société qui la piégeait. Même si elle n’est pas physiquement libre, elle se trouve libérée des attentes d’autrui. Elle se délaisse de ses responsabilités maternelles et des obligations de son emploi. En exécutant les ordres de Victor, elle comprend qu’elle est un otage dans sa vie où elle est un témoin passif n’ayant aucun contrôle sur la situation. Il est clair qu’elle vit dans une immense solitude. Il y a beaucoup de distance entre elle et les autres gens dans sa vie, ses parents sont morts et ses sœurs et son frère sont loins.
Bouraoui crée un personnage, Sylvie, complexe et fascinant. Son style détaché montre la voix de la narratrice et la façon dont elle observe ses choix à distance et sans émotions. On se trouve dans les ombres de sa vie. Elle choisit de dire ou de cacher ce qu’elle veut aux lecteurs, mais Bouraoui donne la sensation que Sylvie se livre.
Le livre remet en question la normalité des vies qui acceptent les structures du pouvoir, entre les hommes et les femmes et entre les maîtres et les employés. Bouraoui critique aussi le patriarcat dans sa description de la mère de Sylvie qui est restée dans un mariage sans amour. Sylvie a appris l’importance de la responsabilité mais pas comment s’aimer. Sylvie est un otage: c’est un produit de la violence faite contre elle. La violence pousse dans son corps et elle devient une folle dans les yeux des autres. Elle a inversé la violence qu’elle avait subi et elle sera punie.
Abigail Quinn est une étudiante à Bates College en troisième année. Elle a grandi à Salisbury dans le Connecticut. À Bates, elle se spécialise en biologie et en français, avec une sous-spécialisation en chimie. Son appréciation du français lui vient de son père qui l’a lui-même étudié à l’université et elle aime parler de la littérature française avec lui.
Nina Bouraoui’s novel critiques the French economic and sexist social systems and links them to the perpetuation of violence. She describes the story of a victim of these systems who takes back power for a moment, while conscious of the consequences of her actions. Otages (Hostages) by Nina Bouraoui follows the life of Sylvie Meyer, who tells her life story in life in monologue form. She has two sons, and a husband who left her one year before the action in the novel. She manages a section of a rubber company, Cagex, for her boss, Victor Andrieu. Sylvie is hardworking and reliable, and her boss trusts her. She does his dirty work, and surveils the “bees,” his term for the workers in her section, by sharing a list of colleagues who slack off. At first, Sylvie finds this task gratifying and likes the change in her status within the company. But she becomes disillusioned because she is conscious of what she does and her role. Sylvie thinks Victor Andrieu represents the worst of men.
At the start of the book, something serious obviously has recently happened in Sylvie’s life. Though she is a model citizen, the story is written as if in self-defense before a judge. The book’s violence is lived in silence, in the words left unspoken, and in the understanding of the limits of freedom. Sylvie Meyer, who narrates the story, is held hostage by her job and her past. Eventually, she escapes the societal rules that were trapping her. Even though she is not physically free, she finds herself freed from others’ expectations. She abandons her responsibilities as a mother and as an employee. By following Victor’s orders, she understands that she is a hostage in her own life, where she is a passive witness without any control. She clearly lives an immensely solitary life, with much distance between herself and others. Her parents are dead, and her sisters and brother live far away.

Sylvie is a complex and fascinating character. In Bouaroui’s detached writing style,the voice of the narrator observes her choices from a distance and with no emotions. We find ourselves in the shadows of her life. She shares or hides things from the readers, as she wishes, but Bouaroui gives us the impression that Sylvie is confiding in us.
The book calls into question the normalcy of the lives of those who accept power structures between men and women, and between bosses and employees. Bouraoui also critiques the patriarchy in her description of Sylvie’s mother, who stayed in a loveless marriage. As a product of the violence enacted against her, Sylvie is a hostage. Violence grows in her body, and she becomes a crazy person in the eyes of others. She has reversed the violence that she herself suffered and she will be punished for it.
Abigail Quinn is a junior at Bates College. She grew up in Salisbury, Connecticut. At Bates, she is majoring in biology and French, and minoring in chemistry. Her love of French comes from her father who studied it in college and she enjoys talking about French literature with him.
Tous les enfants dispersés, Beata Umubyeyi Mairesse (Autrement, 2019)
Le premier roman de Beata Umubyeyi Mairesse raconte une histoire à la fois unique et partagée par des milliers de familles séparées lors du génocide rwandais. Tous les enfants dispersés suit d’abord Blanche, fille métisse d’une mère rwandaise et un père français, lors de son retour dans son pays d’origine trois ans après s’en être échappée. Elle est accompagnée par son fils Stokely qui veut aussi faire connaissance de ses racines. Au Rwanda, Blanche reprend le contact avec sa mère Immaculata et leurs échanges convoquent des souvenirs d’enfance perturbants pour notre personnage principal. Mais il ne s’agit pas seulement d’une quête identitaire individuelle! La narration transmet également aux lecteurs la perte subie par Immaculata, ainsi que l’expérience discriminatoire qu’a vécu Stokely. Dans ce roman, Mairesse rassemble soigneusement ces trois voix liées par le sang, mais séparées par les retombées de la guerre.

Le personnage du fils de Blanche constitue un point clé dans le rassemblement des histoires de Mairesse. Élevé en France par deux parents métis, Stokely est l’héritier de plusieurs cultures de par les circonstances de son éducation. Grâce à Stokely, les lecteurs peuvent mieux comprendre les retombées de la séparation familiale dans la France contemporaine. Victime du racisme et des préjugés à l’école, Stokely se sent exclu par ses camarades. En dépit de sa situation actuelle, Stokely porte toujours un sens d’espoir pour l’avenir des immigrés de deuxième génération, car il entame lui aussi la redécouverte de sa famille éparpillée.
La dernière pièce du puzzle diffuse de Mairesse est centrée sur la mère de Blanche, qui est présentée comme dictatrice lors de sa première échange avec sa fille. En fin d’histoire, il s’avère que le tempérament insensible de cette femme âgée est le produit d’une souffrance prolongée. En manipulant la formulation de l’apparence (d’Immaculata), Mairesse fait l’effort de relier les lecteurs à une génération ancienne, tout aussi blessée par les événements de la guerre que ses descendants. Dans les souvenirs aléatoires de sa fille, Immaculata relevait méchamment le teint de sa peau: «tu es blanche…si tu viens sur ce marché avec moi, tu feras augmenter les prix.» (95) Les moments de cruauté sont concurrencés par l’esprit protecteur d’Immaculata, qui était témoin des conflits domestiques, lesquels se sont traduits par une guerre civile. Comme les jacarandas qui restent plantées dans la terre rwandaise, Immaculata représente les survivants du génocide qui ont conservé leur identité, mais qui ont autrement tout perdu.
Avec trois voix aussi importantes les unes que les autres, Mairesse raconte l’histoire d’une famille dispersée. À vrai dire, ce roman évoque magnifiquement une réalité qui s’étend au-delà d’un cadre rwandais: il n’est pas rare de se sentir multilatéralement exclu lorsque l’on essaie de se situer dans un contexte identitaire. L’héroïne de ce roman doit se confronter à des souvenirs troublants pour pouvoir briser les frontières invisibles qui l’ont séparée de sa mère et de son pays. En franchissant ces frontières imaginaires, Blanche surmonte également la rupture familiale engendrée par le génocide. Avec un peu de chance, ce livre pourrait donner espoir à tous ceux qui ont vécu une telle perte.
Nicholas Reznik est né à Brookhaven dans l’état du New York en 2000. A présent, il habite à Bar Harbor, dans le Maine, avec sa famille. L’aîné de trois frères, il est né d’une famille d’immigrants: son père est ukrainien et sa mère est française, ce qui lui a permis d’apprendre le français lors de son enfance. Il est spécialiste en biochimie et en français à Bates College, où il est étudiant en troisième année. Il cherche toujours à élargir sa connaissance du vaste monde de la littérature francophone. Il aime passer du temps à l’extérieur, que ce soit à vélo ou en chaussures de course
Beata Umubyeyi Mairesse’s first novel tells a story both unique to her and at the same time shared by thousands of families separated during the 1994 genocide against the Tutsi in Rwanda. Tous les enfants dispersés (All the Scattered Children) first follows Blanche, the mixed-race daughter of a Rwandan mother and a French father, as she returns to her country of origin, three years after having escaped from it. She is accompanied by her son Stokely, who also wants to know more about his roots.

In Rwanda, Blanche reconnects with her mother Immaculata, and their exchanges summon unsettling childhood memories for our main character. But hers is not only an individual identity quest! The narration also conveys Immaculata’s loss, as well as Stokely’s experience of discrimination. Mairesse carefully assembles these three voices that are linked by blood, but separated by the repercussions of the war.
The character of Blanche’s son constitutes a key point in Mairesse’s collection of stories. Raised by two biracial parents, Stokely inherits multiple cultures by the nature of his upbringing. Thanks to Stokely, readers can better understand the consequences of family separations. A victim of racism and prejudice at school, he feels excluded by his classmates. Despite his situation, Stokely always carries a sense of hope for the future for second-generation immigrants because he, too, initiates reuniting his scattered family.
The last piece of Mairesse’s confusing puzzle is centered on Blanche’s mother, who is presented as a dictator during her first exchange with her daughter. By the end of the story, the old woman’s insensitive temperament is clearly the product of prolonged suffering. By manipulating the formulation of Immaculata’s appearance, Mairesse connects readers to an older generation who were just as hurt by the events of the war as were their offspring. In one of her daughter’s random memories, Immaculata maliciously points out the color of her skin: “You are white… if you come with me to the market, you will raise the prices.” Moments of cruelty compete with Immaculata’s protective nature. Like the jacaranda trees that remain standing in the Rwandan soil, Immaculata represents the survivors of genocide who have conserved their identity, but have otherwise lost everything.

With three equally important voices, Mairesse tells the story of a scattered family. This novel truly and magnificently evokes a reality that extends beyond the Rwandan context: feeling excluded from all sides is not rare when trying to define one’s identity. The heroine must confront her troubling memories in order to break the invisible boundaries that separated her from her mother and her country. In overcoming these imaginary boundaries, Blanche also overcomes the family break-up caused by the genocide. This book could be a source of hope to those who have lived through a similar loss.
Nicholas Reznik was born in Brookhaven, New York, in 2000. He now lives in Bar Harbor with his family. The eldest of three brothers, he was born into a family of immigrants: his father is Ukranian and his mother is French, which allowed him to learn French during his childhood. He is majoring in biochemistry and French at Bates, where he is a junior. He is always looking to broaden his knowledge of the vast world of francophone literature. He loves to spend time outdoors, biking and running.

Because of the pandemic, Madeline Bedcarre’s Bates College course “All That Glitters: Literary Prize Culture in the Francophone World” took place online. Despite its limitations, the digital modality allowed students to work with the renowned Djiboutian author Abdourahman Waberi via Zoom, and with Amjambo Africa publisher Georges Budagu Makoko.
Madeline Bedecarré is a specialist of Francophone African literature and the sociology of culture. A graduate of Bowdoin College, she earned her Ph.D. in France at the Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales. She lives in Portland.
