Claudette Ndayininahaze, co-founder of In Her Presence and Carla Hunt, of Compassionate Housing Initiative Photo: Tom Bell

La date limite du 15 août approche pour les demandeurs d’asile arrivés dès le 9 juin dernier pour une part d’entre eux et qui devront alors quitter le bâtiment de Portland Expo à cause de contrats préalablement signés et d’une crise du logement qui s’intensifie depuis des années dans le Maine. Par conséquent, la ville de Portland ainsi que les différents leaders de la communauté se sont réunis dans le but de constituer une coalition solide qui aura la tâche de trouver des logements pour ces demandeurs d’asile.

Kristina Egan, Directrice Exécutive du “Greater Portland Council of Governments” (GPCOG), a convoqué la coalition. Mlle Egan a dit que ses assistants avaient laissé de côté d’autres projets pour se concentrer sur cette urgence publique très médiatisée.

Kristina Egan, Executive Director of The Greater Portland Council of Governments Photo: Tom Bell

“Nous sommes contents d’avoir fait cela”, dit-elle. Le groupe vient de lancer “Maisons d’Accueil”, une branche importante d’un plan général consacré au logement, plan qui comprend aussi l’installation pendant les prochaines semaines d’une partie des 70 familles dans des appartements loués ou libérés par leurs locataires à la fin de la saison estivale. “Maisons d’Accueil” fera l’appariement entre les demandeurs d’asile et les familles d’accueil dans la région de Portland, et offrira également des logements à court-terme à d’autres familles.

“Nous prévoyons de lancer notre programme le 19 juillet en commençant avec une seule famille d’accueil, qui nous servira de modèle, afin de nous entraîner à travailler en équipe, avant de mettre pleinement en place ce programme  la semaine prochaine“, a dit Tom Bell, Agent d’Information Publique à GPCOG.

Ce plan d’action avait été conçu par un groupe de partenaires locaux tels que des leaders de la communauté immigrante, des organisations religieuses, des représentants de la ville de Portland, CIEE, Maine Housing, Avesta Housing, et Carla Hunt, de la “Compassionate Housing Initiative” à Yarmouth. Les leaders de la communauté immigrante qui étaient impliqués dans l’élaboration du programme “Maisons d’Accueil” sont Pious Ali, Deqa Dhalac, Papy Bongibo, Mufalo Chitam, Claude Rwaganje, Micky Bondo, Nsiona Nguizani, Baby Ly et Claudette Ndayininahaze. Ce sont ces personnes qui feront le lien entre les familles d’accueil et leurs invités.

Portland City Councilor Pious Ali Photo: Tom Bell

Tom Bell a ajouté: “Les demandeurs d’asile connaissent déjà les personnes qui sont en train d’établir cette liaison avec les familles d’accueil. Il s’agit de leaders de la communauté immigrante. Ce sont eux qui serviront alors d’intermédiaires.”

Toutes les personnes impliquées dans le groupe “Maisons d’Accueil” ont l’objectif d’assurer le bien-être à la fois des hôtes et de leurs invités. Quand le site web sera lancé, la semaine prochaine, on pourra y trouver le formulaire que devront remplir les familles d’accueil potentielles, ainsi qu’une liste des besoins exprimés par les demandeurs auxquels les familles d’accueil retenues répondront, si par exemple leurs futurs invités demanderaient à avoir accès à une cuisine. Des sessions sur les différences culturelles seront offertes, aussi bien pour les familles d’accueil que pour les demandeurs d’asile. Claudette Ndayininahaze et Micky Bondo, co-fondateurs de l’organisation “In Her Presence”, ainsi que d’autres leaders de la communauté immigrante, offriront quant à eux leur expertise lors de cette formation inter-culturelle.

“Nous devons nous assurer que les familles qui quitteront le bâtiment de Portland Expo participent activement au choix de leur nouveau logement, que les familles d’accueil aient bien compris à quoi s’attendre, et que les demandeurs d’asile sachent comment se comporter en tant qu’invités au sein d’un foyer américain,” a dit Mlle Egan.

Heather Dallas, qui a beaucoup travaillé avec plus de 800 demandeurs d’asile à Portland pendant une période de cinq ans, a insisté sur le fait que les préparations culturelles seront importantes afin d’assurer la réussite du programme “Maisons d’Accueil”. Elle a en effet remarqué que les gens, selon leurs origines et leurs milieux, ont des habitudes de vie différentes dans leur maison, et que des formations culturelles offrant des exemples très concrets peuvent aider les familles respectives à bien s’entendre en habitant sous le même toit.

Mlle Ndayininahaze s’accorde à dire que ces préparations culturelles sont la clé du succès du programme “Maisons d’Accueil”. Les associations telles que “In Her Presence”, les Charités Catholiques et la ville de Portland ont déjà commencé à en organiser. Mlle Ndayininahaze a précisé que les réunions en petits groupes sont plus efficaces. L’objectif est de “suivre les familles alors qu’elles s’intègrent dans la communauté en continuant de leur apporter un soutien inter-culturel, en impliquant les écoles et les quartiers, afin de construire des relations et de la confiance. Offrir des ressources est une chose, mais la partie sociale est aussi très importante”, a-t-elle dit. Mlle Ndayininahaze a ajouté que les cours d’apprentissage de la langue anglaise ont commencé et que 75 personnes se sont déjà inscrites pour les suivre, à compter du 19 juillet.

Le GPCOG a déjà reçu 115 demandes de personnes souhaitant accueillir chez elles des demandeurs d’asile actuellement logés dans le bâtiment de Portland Expo – et cela même avant que le site de  “Maisons d’Accueil” ne soit créé. Certaines de ces demandes sont venues de régions rurales de notre état, mais la plupart viennent de familles habitant dans la région de Portland. Pour le moment, le programme donnera la priorité aux familles d’accueil de la région métropolitaine pour différentes raisons. Par exemple, l’accès aux transports publics est facile, l’assistance légale spécialisée dans les demandes d’asile est proche, les différents services sont disponibles, et le réseau social qui entoure la communauté africaine à Portland est important.

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Nsiona Nguizani, le Président de l’Association Angolaise du Maine, a dit que le plus grand défi pour les demandeurs d’asile pouvait être “l’isolement, et la peur de l’inconnu”. “C’est en partie”, a-t-elle ajouté, “la raison pour laquelle la communauté immigrante s’efforce d’établir un programme qui pourra un jour fonctionner dans tout l’état, afin de trouver une solution aux défis sociaux qui se posent et qui concernent particulièrement les demandeurs d’asile se trouvant dans un environnement rural.” En attendant que ce programme soit mis en place, les leaders de la communauté immigrante donneront la priorité aux familles qui logent actuellement au Portland Expo, dans la région de Portland.

Même s’il n’est pas prévu pour l’instant que des familles vivant dans des régions rurales accueillent des demandeurs d’asile, les villages et les villes en dehors de Portland peuvent souhaiter jouer un rôle dans des solutions à long terme. Le Directeur Municipal de Portland, Jon Jennings, a déclaré que “les villages et les villes du Maine auraient tort de ne pas en profiter pour renforcer leur économie et augmenter leur main d’oeuvre dans une vision à long terme. Ces familles sont ici légalement, elles sont très qualifiées et bien formées, et elles sont prêtes à offrir leur contribution à leur nouvelle communauté.”

CIEE fera une étude initiale des candidatures déposées par les familles d’accueil potentielles dans le cadre du programme “Maisons d’Accueil”. Dans cette étude, il y aura une vérification des casiers judiciaires. CIEE enverra ensuite l’information aux leaders de la communauté immigrante, qui feront alors l’appariement entre les familles demandant l’asile et les familles d’accueil qualifiées.

Le 18 juillet, Gouverneur Mills a annoncé qu’elle avait assoupli les restrictions sur le droit à l’Assistance Générale. Même si ces fonds permettront aux demandeurs d’asile de recevoir des bons d’achat pour payer leur loyer, acheter de la nourriture et des médicaments, le manque de logements à prix abordables et par conséquent le besoin de logements temporaires restent un problème.

“L’argent que l’Assistance Générale dédie à cette cause ne change pas la nécessité de trouver des logements temporaires“, a confirmé M. Bell. “Il y a un manque de logements dans la région. Trouver des toits permanents pour toutes les personnes se trouvant à Portland Expo prendra du temps. On aura besoin de logements temporaires afin d’offrir un abri à ces familles, pendant que la ville, Avesta Housing et nos autres partenaires trouvent des logements permanents convenables pour les demandeurs d’asile.”

Dana Totman, la Présidente de Avesta Housing, a souligné le fait qu’il est difficile de trouver des solutions de logements à long terme pour nos invités demandeurs d’asile.“ Nous avons déjà 2000 personnes sur liste d’attente. S’il était facile de trouver les logements dans les villes voisines, nous n’aurions pas 2000 personnes sur notre liste. Cette situation met en lumière la crise du logement qui existe dans le Maine,” a dit M. Totman. Il a aussi remarqué que “sitôt qu’une loi donne à un demandeur d’asile le droit de travailler, celui-ci travaille. Nous constatons que les demandeurs d’asile peuvent très rapidement passer d’une situation sans revenu à une situation stable comme employé à plein temps, gagner un revenu, et participer ainsi à l’essor de l’économie locale. D’après notre expérience, ils ne sont pas ici pour rechercher l’aumône.”

Sherrin Vail, Présidente du Conseil d’administration de l’Association des Agents Immobiliers du Maine, s’est accordée à dire que la crise du logement est grave et se développe depuis des années.“ Cela fait des années qu’on se demande comment le régler. Il n’existe pas de solution rapide. Nous devons construire plus de logements à des loyers abordables.”

“C’est une grande opportunité pour le Maine,” dit Mlle Egan. “Ces personnes sont courageuses et ont beaucoup de talents. Il est bien connu que les immigrants montent des affaires et contribuent à la richesse partout où ils s’installent. Il faut que nous trouvions une réponse à ce problème de logement. Le Maine a besoin de toutes sortes de nouveaux venus – des demandeurs d’asile, ainsi que des personnes venant du Massachusetts, de Californie – et cela nécessite des logements pas trop chers.”

Nsiona Nguizani s’est faite la porte-parole de plusieurs quand elle a dit: “Notre vie n’a de sens que lorsque nous décidons de la partager avec les autres. Faire partie d’une équipe qui accueille les demandeurs d’asile est une des meilleures choses qui soit arrivée dans ma vie.”

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