Un projet de barrage menace le conflit régional mais l’Ethiopie promet de le mener à bien

L’Égypte s’est longtemps opposée à la construction par l’Éthiopie du barrage de la Grande Renaissance sur l’affluent le Nil Bleu, qui pourrait raisonnablement être considéré comme l’élément vital de l’Égypte et de nombreux autres pays. Le projet a été lancé en 2011 par l’Ethiopie pour un montant de quatre milliards de dollars, le projet vise à construire le plus grand barrage hydroélectrique d’Afrique, avec une capacité de production de plus de 6.000 mégawatts. En octobre 2019, plus de 70% des travaux semblaient déjà achevés. Une fois terminé, en fonction des accords hydrologiques et politiques avec le Soudan, l’Éthiopie et l’Égypte, le remplissage du réservoir en eau devrait prendre entre 5 et 15 ans. Un projet ambitieux, qui, s’il est mené à bien, sera la septième plus grande centrale hydroélectrique au monde, et la plus grande en Afrique.

L’Égypte souhaiterait obtenir de l’aide dans ses négociations avec l’Éthiopie au sujet de ce projet et a fait des ouvertures à de nombreux pays, dont les États-Unis. Selon Voice of America, en novembre 2019, Washington et la Banque mondiale ont mené des pourparlers entre l’Égypte, l’Éthiopie et le Soudan, mais ceux-ci n’ont abouti à aucun compromis. En fait, l’Éthiopie a manqué le dernier jour des pourparlers à Washington, “parce que la délégation du pays n’a pas terminé sa consultation avec les parties prenantes concernées”, a annoncé le Ministère de l’Eau, de l’Irrigation et de l’Energie. “L’Éthiopie ne conclut aucun accord qui renoncerait à son droit d’utiliser le Nil”, a annoncé l’ambassadeur éthiopien aux États-Unis, Fitsum Arega, sur Twitter.
Le 29 février, le Middle East Monitor a rapporté que l’Ethiopie a annoncé – sans accord avec l’Egypte ou le Soudan – qu’elle commencerait à remplir le barrage en juillet avec 4,9 milliards de mètres cubes d’eau du Nil (près de 4 millions d’acres-pieds). L’Égypte a menacé d’intervenir militairement. Le chef d’état-major de l’Ethiopie, le lieutenant général Adam Mohamed, avait déclaré précédemment que l’armée était prête à résister à toute attaque contre le barrage Renaissance sur le Nil, et à mener des contre-attaques contre les agresseurs.

Les pays impliqués dans le conflit ont cherché des alliés dans l’espoir d’une médiation réussie de la crise. Business Day rapporte qu’en janvier 2020, le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed avait demandé au président sud-africain Ramaphosa d’intervenir : “Comme il [Ramaphosa] est un bon ami de l’Éthiopie et de l’Égypte, et qu’il est également le nouveau Président de l’Union Africaine, il est capable de mener une discussion entre les deux parties pour résoudre le problème de manière pacifique”, a déclaré Abiy aux journalistes lors d’une conférence de presse à Pretoria.

Début mars, la Ligue arabe (AL) a adopté une résolution soutenant l’Égypte et le Soudan dans leurs négociations avec l’Éthiopie sur le barrage de la Grande Renaissance. Cependant, le Soudan s’est ensuite rangé du côté de l’Éthiopie et n’a pas soutenu la résolution, selon le Daily News égyptien.

Le 19 mars, le ministre égyptien des affaires étrangères, Sameh Shoukry, a remis un message du président Al Sisi au président Kagame du Rwanda. Kigali Today rapporte que trois jours plus tôt, Kagame avait rencontré le Président Sahle-Work Zewde d’Ethiopie. Dans le même effort, le ministre égyptien des affaires étrangères a informé le Burundi, la République démocratique du Congo et la Tanzanie, entre autres pays.