Vincent Kende Niebede

« Le Maréchal du Tchad, Président de la République, Chef de l’État, Chef Suprême des Armées, Idriss Deby Itno vient de donner son dernier souffle en défendant l’intégrité territoriale sur le champ de bataille », c’est par ces mots qu’un groupe des militaires avec à sa tête, Mahamat Idriss Deby, fils du défunt, annonce le décès du président Tchadien à la télévision Nationale. Avant de poursuivre qu’un Conseil Militaire de Transition est mis en place pour dix-huit mois pour assurer la transition.
Les circonstances de la mort du dirigeant Tchadien.
Idriss Deby Itno, président du Tchad, âgé de 68 ans, au pouvoir depuis le 01 décembre 1990, est allé au front pour encourager ses soldats qui font face depuis le 11 avril 2021 à la rébellion du Front de l’Alternance et la Concorde le FACT, dirigé par Mahamat Mahadi, venus du sud de la Libye. Ce groupe a fait incursion pour, dit-il renverser le régime de N’Djamena et assurer une alternance. Et c’est à partir de Ziguey dans le nord de la province du Kanem, située à environ 300 kilomètres que les combats ont eus lieu entre forces gouvernementales et forces loyalistes. Nous sommes le 17 avril 2021.
Dans un communiqué diffusé à la Télévision nationale, l’armée annonce avoir tué plus de 300 rebelles, capturé plus de 150 et récupérés une quantité importante de matériels de guerre. Pendant ce temps, plusieurs fronts de combats sont ouverts. Et au cours de l’opération, le président Tchadien est grièvement blessé. Transporté d’urgence en Hélicoptère vers la capitale tchadienne N’Djaména, le Président meurt des suites de ses blessures, annonce le Conseil Militaire de Transition ce mardi 20 avril 2021 dans un communiqué. Un décès qui survient au moment où la Commission Électorale Nationale Indépendante CENI, le proclame vainqueur à plus de 79% de la présidentielle du 11 avril 2021.
Un bref aperçu sur le président défunt. Idriss Deby Itno, devenu Maréchal, le 11 août 2020, est né en 1952 à Fada ville située au Nord du Tchad. Il est inscrit à l’école d’officiers de N’Djamena de 1975 à 1976 après l’obtention de son Baccalauréat scientifique. Il devient pilote de transport puis obtient un diplôme en parachute. C’est ainsi que de son retour en 1979, lors de la guerre civile qu’a connu le Tchad, Idriss Deby devient le président en chassant Hissein Habré, le 1er décembre 1990, après avoir dirigé une rébellion dénommée Mouvement Patriotique du Salut (MPS), venue du nord avec l’appui de la France.
Qui prend la tête du Conseil militaire de Transition le (CMT) ?
Le nouvel homme fort de N’Djamena, s’appelle Mahamat Idriss Deby, il est le fils du président défunt. Surnommé Mahamat Kaka, ou du Français « Mahamat le Fils de la grand-mère », parce qu’élevé par sa grand-mère, il est né entre 1983 et 1984. Âgé de 37 ans aujourd’hui, Mahamat Idriss Deby est un homme d’État. Très peu connu du grand public, il est le responsable de la puissante garde présidentielle, la DGSSIE entendez, la Direction Générale des Services de Sécurité des Institutions d’État. Cet homme a gravi les échelons de larmée et dispose à son actif, de nombreuses batailles remportées contre les rebelles en 2019 à l’est du Tchad et au Mali contre les jihadistes dans le nord mali.

Les mesures prises par le Conseil Militaire de Transition
Moins de 24 heures après le décès du Marechal du Tchad. Le nouvel homme fort du Tchad fait une déclaration à travers son porte-parole. Le Conseil Militaire, assure une transition pour une durée de 18 mois. Il décide d’instaurer un deuil national de 14 jours, décrété sur toute l’étendue du territoire avec des drapeaux mis en berne. Le Conseil militaire au pouvoir, dissout l’Assemblée Nationale et le Gouvernement, avec à la clé, un couvre-feu allant de 20 heures à 5 heures du matin sur toute l’étendue du territoire national. Le conseil promet une charte de transition qui sera promulguée par le Président du Conseil Militaire de Transition.
Les frontières terrestres et aériennes annoncées fermées jusqu’à nouvel ordre sont rouverts. Il entend installer un Gouvernement de Transition qui devrait gérer les élections. Et des nouvelles institutions Républicaines seront mises en place à l’issue de la transition par l’organisation des élections dites libres, démocratiques et transparentes suivant l’esprit du sacrifice pour lequel le Maréchal du Tchad s’est battu durant toute sa vie jusqu’à son dernier souffle. Le conseil militaire de transition appel au dialogue et à la paix pour la construction du Tchad.
Des réactions ne se sont pas fait attendre
Interrogé sur le choix du fils du président à la tête du Tchad après le décès de son père, de nombreux tchadiens désavouent le président du conseil militaire de transition. Ils tiennent à avoir à la tête du pays, un civile et non un militaire et de surcroit, le fils du président défunt qui a gouverné le Tchad depuis plus de 30 ans. La réaction est la même au sein de la société civile et de l’opposition. Mais du côté du pouvoir, ce sont des acquis qu’il faut préserver mais en aucune manière, « le choix du fils du président ne doit pas être mal perçu par toute la classe politique », explique Mahamat Zene Bada, le secrétaire général du parti au pouvoir.
Du côté du politologue Evarist Ngarlem Toldé, enseignant chercheur à l’Université de N’Djaména, « ce qui se passe au Tchad, n’est rien d’autre qu’un coup d’état ». Parce que souligne-t-il, « la constitution prévoit qu’en cas de vacance du pouvoir, c’est le président de l’assemblée Nationale qui prend les commandes et assure la transition. Il n’est fait nullement mention dans la constitution qu’un groupe de militaires prenne le pouvoir en forçant les choses de cette façon », conclut l’enseignant chercheur. Les tensions sont là. Entre temps, le Front pour l’Alternance et la Concorde, menace de marcher sur la capitale tchadienne, si le Conseil Militaire en place à N’Djamena ne remet pas le pouvoir aux civiles.
Rappelons que mardi, le vice-président du Conseil militaire de transition, le général de division Djimadoum Tiraina a rencontré plusieurs diplomates, représentants d’ONG internationales et ambassadeurs accrédités au Tchad. Pour lui, « point n’est besoin de dire que la disparition de ce grand homme d’Etat Idriss Deby Itno, est une immense perte pour le Tchad et l’Afrique eu égard à ses multiples actions dans le domaine de la paix, de la sécurité et de la stabilité ». Il a souligné que la situation sécuritaire demeure hautement grave compte tenu de la persistance et de l’ampleur de la menace terroriste avant d’expliquer que c’est pour défendre l’intégrité du territoire et éviter que le pays ne sombre dans le chaos et l’anarchie que les forces de défense et de sécurité ont pris leur responsabilité devant l’histoire.