Un fruit ne tombe que quand il est mûr, mais devant l’ouragan et la tempête de l’histoire, mûr ou pas mûr, il tombe.” Un dicton français
Jeudi 11 avril a marqué la fin d’un des plus longs et des plus cruels régimes dictatoriaux en Afrique quand le Président Omar el-Béchir, originaire du nord du Soudan, a enfin été destitué à l’issue de presque 30 ans de règne. Celui-ci avait pris le pouvoir en 1989 par un coup d’Etat militaire et son régime était réputé pour sa brutalité. La Cour pénale internationale avait émis deux mandats d’arrêt contre l’ancien président, l’accusant de crimes de guerre, crimes contre l’humanité et génocide au Darfour. En effet, selon des estimations des Nations Unies, 300,000 personnes sont mortes à Darfour.
Le Président el-Béchir a été renversé par la hiérarchie militaire, sous l’énorme pression des civils qui sont descendus dans la rue. Les manifestations avaient commencé le 19 décembre 2018 alors que le régime d’el-Béchir avait triplé le prix du pain, perpétuant l’appauvrissement de la population déjà éprouvée. Cette hausse du prix du pain a déclenché le mouvement de masse qui a provoqué des manifestations monstres dans les rues pendant une période de quatre mois. La BBC estime que 70 pour cent des manifestants étaient des femmes. Le 11 avril dernier, l’armée a finalement arrêté et mis en détention el-Béchir. Le général Ahmed Awad Ibn Auf, l’ancien ministre de la Défense soudanais, a annoncé la nouvelle de la chute de Béchir à la télévision qui est contrôlée par le gouvernement. Sa chute a envoyé des ondes de choc à travers le monde entier. La nouvelle a été reçue avec beaucoup de joie et de soulagement par le peuple soudanais, qui était satisfait de voir que leurs appels à la destitution de el-Béchir soient enfin écoutés.
M. Mustasim, le secrétaire de la communauté soudanaise dans le Maine, a dit à Amjambo Africa, que le 11 avril était un des plus beaux jours de sa vie. Il était fou de joie d’apprendre la nouvelle que l’ancien président el-Béchir, qui était responsable de la mort de beaucoup de personnes à Darfour, avait enfin été déchu. Il continue de suivre de près les nouvelles du Soudan. Mais le vendredi 12 avril, un nouveau développement a eu lieu qui l’a inquiété: la rumeur que le général Ahmed Awad Ibn Auf, l’ancien ministre de la Défense, allait remplacer Béchir. Le peuple le voit comme étant pro Béchir et a vite demandé qu’il soit démis. Le samedi 13 avril, le général Abdul Fatah Burhan a alors été élu pour diriger le gouvernement de transition, et choisi pour organiser des élections démocratiques, qui auront pour but de passer le pouvoir aux civils, et d’établir un régime démocratique.
M. Mustasim, qui a une formation d’avocat au Soudan, et détient également une maîtrise en Sciences Politiques, a prévenu le peuple soudanais de faire attention de ne pas laisser tomber le pays dans un désordre social et politique. Il remarque que plusieurs pays africains qui avaient réussi à destituer des régimes dictatoriaux qui étaient au pouvoir pendant longtemps ont beaucoup souffert alors qu’ils essayaient de reconstruire un nouveau système politique. Il ajoute que la situation actuelle au Soudan pourrait vite tourner au chaos et à l’anarchie si les gens ne travaillaient pas ensemble. On trouve plus de 200 familles soudanaises dans le Maine. Elles prient toutes pour une transition stable et paisible au Soudan.
Du terrain: la République du Soudan
