By Vincent Kende Niebede

Note: Translation into English to follow.

2328 cas confirmés dont 105 décès de covid-19, c’est le dernier bilan de Covid-19 au Tchad. Le nombre des infections a augmenté vers la fin de l’année, obligeant les autorités à prendre des mesures exceptionnelles. D’où l’instauration du confinement exceptionnel par le décret 2585 du 31 décembre 2020, coupant toutes les entrées de N’Djaména, la capitale Tchadienne.

Coupée des autres villes du pays, N’Djaména est confinée. Avec un couvre-feu instauré de 18h-05h, la population est appelée à rester chez elle dans une confusion totale. Un confinement exceptionnel après que le nombre des infections au covid-19 dans le Pays. Le Maréchal du Tchad, président de la République a renforcé la garde. Tous les services de sécurité ont reçu des ordres à faire respecter les mesures sanitaires.

Near deserted streets in central areas of N’Djamena | Photos by Vincent Kende Niebede

Le décret prévoit que la ville de N’Djaména est confinée pour une période d’une semaine à compter du 1er janvier 2021 à partir de 00 heures. Sont fermés et interdits, les frontières de la ville de N’Djaména, les frontières aériennes dès le 4 janvier à partir de 00 heures, les établissements scolaires, universitaires publics et privés, les lieux de cultes, tout regroupement public ou privé de plus de 10 personnes, les bars, restaurants, magasins et les grands marchés, les transports urbains et interurbains, les services publics ou privés non-essentiels, les attroupements à l’occasion de baptême, mariage, décès et enterrement. Seuls les centres de santé, cliniques, hôpitaux, les boulangeries, pharmacies, les étals, commerces et transports des produits alimentaires, les services des pompiers, le service d’eau et d’électricité, les hôtels, les vols cargos sont autorisés avec un service minimum pour les banques, stations-services de carburant et les compagnies de téléphonie mobile.

Colère de la population de la capitale. Les N’Djaménois trouvent que le motif du confinement n’est pas expliqué. D’après Hassan Garba, habitant d’un quartier de la capitale, « c’est une mesure répressive et non une mesure de riposte contre la propagation du coronavirus.  Sinon comment comprendre que pour lutter contre un virus, il déploie un arsenal de militaires sans aucune communication. Et il veut nous faire croire que c’est le combat contre le Covid-19. Si c’est pour lutter contre ce virus, a-t-on vraiment besoin d’exercer une violence sur les paisibles citoyens que nous sommes ? S’interroge-t-il. « Le gouvernement nous conduit vers un désespoir, il souligne que, avant que coronavirus nous tue, nous allons crever de faim. Puisque le prix des denrées est passé du simple au double voire triple. C’est une décision génocidaire », déclare Madjitoloum Alain. Et face à l’interdiction du transport en commun, les mototaxis font grimper le coût du transport, le prix du transport sur une distance de 5 kilomètres m qui coûtait 250fcfa est passé à 2000 voir 5000fcfa par endroit.

Du coté de certains hommes politiques, cette mesure dite de riposte, vise à persécuter le peuple, c’est le cas du Député Béral Mbaikoubou. Pour lui, « les agents de défense et sécurité chargés d’exécuter toutes ces mesures, ne sont pas outillés intellectuellement et qui sont à majorité analphabète. Exécuter un ordre qui est claire même est difficile pour un analphabète. A plus forte raison ce décret est à lui seul un festival de confusion. (….) Le pouvoir trouve encore dans l’argument sanitaire le moyen d’appliquer son autoritarisme qui fait partie de son identité », fait remarquer le député. Avant de rappeler « qu’on agit par improvisation et par ivresse du pouvoir. Et quand on agit par ivresse du pouvoir, on est à la fois sourd, aveugle et autiste ».

Les défenseurs des droits de l’homme réagissent.

Selon Maître Loalngar Max, président de la Ligue Tchadienne des Droits de l’Homme, la situation épidémiologique ne justifie ce confinement exceptionnel. Car dit-il, si l’on tient compte des statistiques de la Coordination Nationale de Riposte Sanitaire, le pic a été atteint en mai dernier et depuis, la situation semble sous contrôle. Donc ce confinement ne relate ni la réalité de la maladie et ne tient compte de la situation sociale des populations. Cela offre aux forces de défense et de sécurité naturellement enclines de mal, un chèque en blanc pour violenter les populations ». De son côté, Maître Koudé Mbainaissem, président de l’Association Tchadienne la Libre Parole à la Jeunesse (ATLPJ), martèle que la liberté est le principe et la restriction l’exception. Le décret est pris de manière brusque. Les forces de l’ordre se lancent dans une certaine brutalité qui se fait sentir. Au-delà, l’on est en train de pousser le peuple à craquer. Partout les gens sont en débandades. Il y a de dérive considérable, conclut-il.

En qui faut-il croire ?

Le 02 janvier, soit quelques jours après le décret 2585, le ministre d’État Secrétaire Général de la présidence de la République, Kalzéubé Payimi Deubet, au sortir d’un conseil avec les ministres chargés de l’exécution dudit décret, fait comprendre qu’il s’agit d’un confinement total de la ville de N’Djaména. Excepté, les services qui sont exonérés par le décret 2585. Cette communication a mis les Tchadiens dans une crainte totale. La psychose créée, a été dégagée par son collègue de la santé publique à travers un point de presse animé le 4 janvier 2021 dans lequel, Abdoulaye Sabour Fadoul, ministre de la santé déclare qu’il ne s’agit pas du confinement total comme l’avait annoncé précédemment le ministre Secrétaire Général de la Présidence de la République mais, plutôt d’un isolement de la capitale. Malgré cette réorientation, la population ne peut plus vaquer à ses occupations. Puisque le déplacement devenu couteux.

Mr. Vincent Kende Niebede is a photojournalist who contributes to Amjambo Africa from Tchad.